Anita Bonici
L’auteur et son oeuvre
La création est, depuis toujours, pour moi une évidence et une nécessité. Autonome dans ma démarche, je suis ma propre voie, mon instinct.
De mes vies à l’étranger, comme de mes voyages et rencontres, il me reste avant tout des visages.
Certains d’entres eux m’accompagnent. Ceux que la vie a rendu beaux par les souffrances et joies traversées ; ceux dont les instants de vie parfois subis, ont révélé leur beauté intérieure.
La beauté dont je parle n’est pas celle définie par une quelconque norme ou diktat, mais celle magnifiée par ce que l’existence nous a donné a vivre. L’étincelle en plus qui nous invite à aller au delà des apparences.
Alors oui ! Dans mon travail une grande place est faite aux bustes et aux visages ; des personnages sur lesquels j’aime à travailler le détail qui favorise l’expression.
Je ne sculpte pas ce que je vois, mes mains sont au service de mon ressenti.
De cette matière, l’argile, qui semble inerte, mais pourtant si vivante sous mes doigts, naissent des œuvres de l’instant présent, là tout de suite, maintenant et pourtant déjà passées !
Soudain, mystérieusement la forme s’impose, le visage est là qui attend prêt à surgir. Il naît de lui-même sous mes doigts: je n’ai plus qu’à me laisser guider en restant connectée et bien ancrée.
Si au début je modèle ce que j’appelle ma page blanche, la suite ne m’appartient pas !
Le présent n’est il pas, par essence, éphémère ! Je vous livre ce poème de Xu Zhimo, écrivain chinois (1897-1931) :
« Je suis un nuage dans le ciel,qui jette un reflet,
au hasard, au cœur de ton âme.
Ne sois pas trop surpris, ni trop fasciné,
dans un instant j’aurai disparu, sans une trace »
Je considère l’oeuvre terminée, seulement :
J’adhère à la phrase lue au hasard de mes lectures: « La sculpture évoque quelque chose qui respire, un sourire qui s’illumine, des yeux qui expriment l’intériorité. »
Certaines de mes oeuvres resteront de terre cuite, d’autres seront coulées en bronze. Pour ce qui est des bronzes, je travaille en collaboration avec l’équipe de la fonderie Barthelemy Art située à Crest dans la Drôme. Une fonderie où le savoir-faire traditionnel côtoie la technologie moderne.
Ce sont des pièces dites “originales”, le tirage n’allant pas au delà de 12 exemplaires. Chacune est numérotée avec un certificat d’origine délivré par la fonderie.
Mon travail de l’argile
De toutes les matières explorées dans mon besoin de créer, l’argile est le vecteur qui m’a apporté le plus de satisfaction et de paix intérieure. Nous ne sommes pas loin d’une sorte de méditation ou tout au moins d’une forme de « recentrage », en connexion avec l’énergie créatrice. Un temps de gestation silencieux et concentré, dans lequel je suis coupée du monde.
Ma première rencontre s’est faite un peu par hasard, un ami m’ayant donné un vieux bloc d’argile compact et sec. Je l’ai concassé et recouvert de tissus détrempés, laissant le temps aux morceaux de se réhydrater. Sa texture changeant au fil des jours, elle est devenue molle et malléable.
On peut réutiliser l’argile à l’infini sous condition de la garder bien humide.
De même, lorsque l’on arrête de travailler temporairement sur sa sculpture, il ne faut pas oublier de la recouvrir d’un linge humide entourée d’un plastique ; ce qui permettra de reprendre son travail là où on l’avait laissé.
Depuis ce jour, le trio argile, eau et main est devenu indissociable, aucun de ses trois éléments ne pouvant être absent pour que le tout puisse donner forme à l’inspiration.
Au fil du temps et de ma pratique, je me suis tournée vers une terre de type grès finement chamoté. Une fois la pièce terminée et évidée, un temps de séchage est nécessaire (environ un mois), avant de pouvoir la cuire dans un four à une température d’environ 1100 degrés. Pour mes réalisations qui resteront de grés, j’applique une patine à la cire d’abeille avec parfois des fines nuances colorées. La patine apporte une finition naturelle donnant de la profondeur, une protection contre la poussière, et une couche isolante contre l’humidité. Cette couche de protection, je la renouvelle une fois par an.
Mon travail du bronze
Le travail du bronze est fascinant, les professionnels se succèdent avec leur savoir faire dans les différentes étapes de la fabrication, les principales étant:
J’interviens tout particulièrement au moment de cette dernière étape d’application à chaud des oxydes. Ce, en étroite collaboration avec mon patineur attitré: Alexis CHAKMA. Ce travail comprend:
Argiles ou bronzes, les oeuvres présentées sur ce site sont le fruit à la fois de mon parcours personnel et de l’instant présent.
Instant présent qui implique d’accepter, d’accueillir le hasard, de cueillir l’émotion qui émerge ; le tout dans une certaine fulgurance.
Parcours de vie constitué de rencontres, d’aspirations et d’expériences.
La vie n’étant qu’une succession de mutations, j ‘ai hâte d’accueillir ce dont demain sera fait, et de voir comment cela se traduira dans mes créations.
Merci au visiteur de jeter un regard à mes personnages, espérant que cette communication lui sera enrichissante.
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